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Ce que l’on accepte

Une réflexion m’est apparue brutalement cette semaine. Ce genre de moment « mindblown » qui vous prend par surprise, qui vous percute de plein fouet, sans prévenir, et qui vous laisse ce petit goût aigre, celui de l’innocence perdue.

Innocence perdue, vous allez me dire que j’en fais des caisses. Mais en fait… non.

Contexte.

L’autre jour, à la maison, les taquineries allaient bon train.
Hors, il est de notoriété publique que je n’aime pas que l’on me taquine.
Je n’aime pas les chatouilles, ni les blagues, ni le contact physique « pour rire » (l’exemple du doigt dans le nez), je n’aime pas qu’on me fasse « Bouh! », je n’aime pas qu’on me pousse. Alors, je râle. Je n’ai pas d’hmour.

Quand j’étais enfant, je vivais cela comme de véritables agressions.
Quand mon frère et mon cousin se moquaient de moi pendant des heures, je pleurais, consciente de mon impuissance. Parfois les adultes les grondaient, mais j’avais quand même droit à une petite remarque du genre ‘Oui bon allez c’est fini, n’en fais pas toute une histoire’. « Qu’est-ce qu’elle pleurniche hein ? C’est incroyable » « Ah vraiment tu n’as aucun humour ».
Quand on affichait ma maladresse, qu’on se moquait de ma timidité, je voulais juste m’enterrer sous terre. Et si je faisais mine de me rebeller, on me redisait que vraiment, je n’avais aucun humour.

J’ai été persuadée, très longtemps, de n’avoir aucun humour.
Ma tête de linotte ne faisais absolument pas le lien entre les blagues que je racontais à mes camarades (un des rares moyens que j’avais trouvé pour être un peu populaire : être le clown), et le fait que les blagues A MES DEPENS ne me faisaient jamais rire, et que donc ce n’était peut-être pas l’humour, le problème.

Les années ont passé, je me suis blindée, et j’ai oublié.
Le déni, quel bel outil.

Bref ! Et alors ?
Hé bien l’autre jour, ce qui m’a giflé si fort que j’en aurais pleuré, c’est ce constat :

Ce que l’on accepte de notre famille, on ne l’accepterait jamais de qui que ce soit d’autre.

Imaginez que demain, un collègue de travail vous chatouille 10 fois par jour. Ou vous fasse « bouh » caché dans un placard.
Ou rigole de chacun de vos erreurs, en vous affichant devant toute l’équipe. Vous affuble d’un surnom ridicule, comme « Bouboule » ou « Mademoiselle Ouin-ouin ». Raconte vos moments de gêne pendant une réunion générale.

Vous trouveriez légitime de vous plaindre, de considérer tout cela comme du harcèlement.
Aux yeux de la loi, c’est du harcèlement.
Ce (ou cette) collègue risquerait des sanctions. Il est même probable que vous obtiendriez le soutien de vos autres collègues. (Pas systématiquement bien sûr et hélas, mais il est certain que vos amis approuveraient le fait que votre environnement professionnel est toxique !)

Mais dans une famille, c’est normal.
C’est d’une banalité qui ne mérite pas qu’on relève le moindre de ces éléments.
Si vous osez considérer que votre famille, par ce genre de réflexion, blagues, actions, a été maltraitante ou abusive, on vous sautera au râble.
Quel manque de considération ! Quelle ingratitude !
Et quelle fragilité ! Se plaindre de simples plaisanteries, alors qu’il y a tant d’enfants battus, EUX réellement maltraités. Si vous vous plaignez à vos amis des blagues de vos proches, ils hausseront probablement les épaules. Enfin voyons, t’étais pas si malheureuse hein.

Alors, nos frères et nos cousins pourront-ils à jamais nous traiter de cochonnets roses, nous enfermer dans l’abri de jardin et jeter notre peluche préférée dans un champ, sans que jamais, leur comportement ne soit remis en question ?

Pourquoi la famille est-elle le cocon du pire, quand elle devrait être la forteresse du meilleur ?





Comics

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J’ai décidé de mettre en forme, un peu, ce que je vous racontais depuis 2007 dans mon ancien blog.
Ca va être long mais du coup, plutôt que de me répéter et de galérer pour ceux qui souhaitent une chronologie correcte, j’ai préparé un lien webtoon !

Evidemment je continuerai à mettre quelques notes perso ici, sur ce blog, qui s’accompagnera + souvent de textes à présent.