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De plein de poils à pas de poils du tout !

Mais non, je ne vais pas te parler d’épilation.
Je vais te parler de chat.

Enfin, de chats.
Lulu, mon angora géant, vague croisement de Maine Coon et de loutre, a accompagné ma vie de bâton de chaise pendant 17 ans.
Il a connu mes ex, mes coloc, mes galères, mes amours, mon bébé.
C’est peu dire que le trou qu’il a laissé dans mon petit coeur est resté béant et douloureux.

Mais la vie, la vie qui file, les obligations, et toutes ces adulteries me faisaient oublier l’importance du familier dans la vie d’une sorcière bas de gamme.
Et puis un jour, une annonce.

Un sphynx.
Parenthèse : je n’ai aucune idée de quel mécanisme a allumé un jour dans mes yeux d’enfant une flamme incandescente pour le chat sphynx. Je reconnais volontiers qu’il ressemble à une chauve-souris, à un poulet cru, à une créature démoniaque et à tout ce que vous souhaiterez de rose et fripé.
Mais cette créature me fascine, me passionne, m’émerveille.
J’avais depuis bien longtemps renoncé à ce rêve, l’idée de claquer deux Smic pour obtenir un animal alors que les refuges explosent de malheureux abandonnés me paraissant personnellement ubuesque (sans mépris aucun pour les passionnés de pedigree). Le sphynx était donc ce fantasme que j’imaginais ne jamais assouvir, un peu comme ‘j’aurais aimé être cosmonaute’, un doux rêve amusant mais délirant.

Et là, devant mes yeux médusés, sur mon écran, il était là.
6 ans. Retraité d’élevage.
Chat d’appartement (parfait pour notre mini chez-nous).
Pantouflard et calme (parfait encore.)
Câlin et patient (à quel moment la perfection peut-elle aussi bien être dépeinte ?).

Un coup de fil.
Je suis séduite.

Monsieur, beaucoup moins, m’énumère pendant deux mois les raisons pour lesquelles c’est une très mauvaise idée de reprendre un chat.
J’hésite, je ballotte, j’espère presque qu’il sera adopté, je tergiverse. Il n’est toujours pas adopté.
J’argumente, je me travaille, je piétine. J’insiste sur le : oui mais il ne perdra pas ses poils.
Je craque.

Et le voilà.

Une semaine qu’il est là, j’ai l’impression qu’il vit avec nous depuis toujours.
Dans la couette, sur les fauteuils, sur la table parfois, souvent avec une poupette collée au basques.
Il s’accommode incroyablement bien d’avoir une voix off un chouïa criarde qui le suit en s’émerveillant.

Maman, agade le chat ! Le chat il mange ! Le chat il va dans la chambre ! Il est patiii !! Il est revenu ! Calin le chat ! Moi vé faire câlin le chat ! Moi câlin ! AAAAAAH MAMAN LE CHAT la fé bisou à moi !!

Un tel enthousiasme me ravit. Je ne parle pas encore de complicité, bien sûr, car Poupette est un peu trop jeune. Elle m’attendrit en essayant de lui prêter des Duplo, qui n’intéressent que peu le chat, et en le câlinant, maladroitement mais avec une délicatesse extrême qu’elle n’a même pas avec nous.

L’amour, la tendresse. Toujours les plus belles et les plus simples des choses.