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Life still goes on

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Les jours se passent, et se ressemblent sans doute un peu, mais ce n’est pas grave.
Une douce routine, c’est sans doute ce qu’il nous fallait.

Chaque jour apporte son lot de surprises et de premières fois, ces premières fois insignifiantes, ces petites victoires, ces pépites de joie.
Il y a eu le premier sourire. Le premier éclat de rire. La première fois que tu as attrapé un jouet. Le premier babillage. Le premier roulé sur le côté.

Ces minuscules bonheurs qu’on n’étale pas, parce qu’on sait qu’ils n’ont d’importance que d’être les nôtres.
Il y a des bons jours, des moins bons, la fatigue est parfois là mais n’entame jamais le sentiment de douceur qui m’envahit quand je tiens ta petite main.

Je n’imaginais pas une minute à quel point ça serait bien. Si doux. Si drôle.

J’imaginais ces premiers temps comme une course de fond, une épreuve à supporter en attendant « plus tard », ce fameux « plus tard » où je me projetais plus facilement, dans le dialogue, la découverte, les jeux.
Je m’aperçois que le dialogue, la découverte, les jeux sont déjà là.
Bien sûr, tu ne comprends pas tout ce que je dis.
Bien sûr, les jeux sont parfois monotones pour nous, adultes blasés incapables de voir la magie qui réside dans l’apparition d’une girafe en caoutchouc pour la 37e fois en dix minutes.
Mais tu t’en amuses, tu ouvres sur ce monde étrange tes immenses yeux rieurs, tu observes, pensive, chaque minute de ton éveil avec une fascination que nous ne pouvons plus comprendre, nous.

Je n’imaginais pas vraiment aimer « pouponner ».
Et puis tu es là, et tu colles sur mon sein ta petite main, tu ouvres grand les yeux, et tu déclares « Arrrrrreuuuuuuuu », une bulle de bave au coin de la bouche, et je m’en émerveille.

Quel étrange état. Quel étrange bonheur.

Non classé·Rue Traverse

Interview – Laurence Péguy

laurencepeguy2https://www.facebook.com/laurencepeguyart

– Peux-tu te présenter en quelques mots : toi, ton parcours si tu en as envie, ton travail … ?
– Je dessine depuis ma plus tendre enfance et je n’ai jamais lâché les crayons. J’ai donc fait mes études post bac à l’école Emile Cohl et je suis partie travailler à l’étranger pour me perfectionner en anglais et voir du pays ( USA, Irlande, Angleterre ) j’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets tels que Golden Compass, Monstre à Paris, The Lorax, Croc Blanc, Sahara… et je dessine toujours à côté dans univers qui me plaisent : Harry Potter, du fantastique à la Tim Burton … Je participe à des évènements tels que Japan Expo, Polymanga, Trolls et Légendes…

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– Si tu devais résumer ton art en 3 mots :
Ombre, lumières et protéiforme (merci Ben!)

– Tu as des techniques de prédilection ?
J’aime les techniques dites traditionnelles car j’aime le ressenti qu’elles procurent, la sensation du pinceau entre les doigts, le frottement du pinceau sur le papier, les odeurs, les ratés… je pratique beaucoup l’aquarelle, pour son côté pratique, pas besoins de beaucoup d’espace et pas d’odeurs. L’acrylique ensuite pour le côté rapide de séchage et peu d’odeurs. Récemment je me suis mis à la peinture coréenne, qui ressemble fortement à la gouache avec plus de pigments. Je pratique également la peinture numérique pour le côté très rapide et pratique. Pour moi toutes les techniques sont intéressantes.

– Qui sont tes inspirations majeures, tes mentors ?
J’ai pas mal d’inspirations : les Préraphaélites, Sergent, Burnes Jones, Mucha et tant d’autres …

– As-tu des goûts (musicaux, cinéma, séries, art… ) en adéquation avec ton art, ou au contraire as-tu des goûts à l’opposé de ce que tu produis ?
Lorsque je peins j’aime écouter de la musique, très inspirant. J’ai des goût assez éclectiques : Björk, Sigur Ross, Radiohead, Massive Attack, Goldfrapp, …

Les films de Tim Burton sont très inspirants ! D’ailleurs ça se voit dans la plupart de mes illustrations 🙂

– Quel personnage historique ou artiste (vivant ou non) aurais-tu rêvé de rencontrer ? Vous auriez parlé de quoi ?
J’aurais rêver de rencontrer Alan Rickman, un acteur de génie et discuter avec lui de peinture car il a été au Royal College of Art à Londres me semble-il.

– Est-ce qu’il y a des thèmes que tu t’interdis, artistiquement ? Une limite que tu te fixes ?
Je ne m’interdit pas de thème en particulier mais je ne fais pas ce qui m’intéresse pas comme la pornographie, la religion ou l’horreur…

– Que penses-tu du système actuel de visibilité des artistes ? Plutôt réseaux sociaux ou bouche à oreille et associatif ?
Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, tout va plus vite pour se faire connaître mais je trouve ça chronophage. Personnellement je n’ai pas une grosse communauté car je n’ai pas le temps de publier tout le temps des nouveautés. Je n’ai pas instagram, trop chronophage…

– Question cliché, mais qui plaît toujours : petite liste pour île déserte…
Une musique ?
Nodjet de Björk

Un tableau ?
Lady of Shaalot de Waterhouse

Une oeuvre cinéma ou série ?
Les films de Tim Burton, sauf la Planet of the Apes

Une BD ?
Dracula de Croci

Un livre ?
Sabriel de Garth Nix

Un animal ?
un chien

Pour terminer, as-tu un challenge pour nos lecteurs ? Un « Draw this in your style », un « dessine-moi un mouton », etc ?
Challenge : Dessine moi un Rogue ! Et envoyez-les à https://www.facebook.com/laurencepeguyart

Tattoo Shop

Un financement participatif ?

FONDINSTA
La page Ulule de L’Encre de Cthulhu

Un financement participatif c’est quoi ? 
C’est un financement (crowdfunding) fait part des particuliers, en échange de lots divers selon des paliers de contreparties.
Quelle est la différence entre une cagnotte et un crowdfunding?
Une cagnotte est une demande de financement groupé, où les contributeurs donnent de l’argent sans contrepartie.
Un crowdfunding est une demande de financement groupé où chaque contributeur reçoit des cadeaux à la hauteur de sa participation.
Pourquoi choisir ce mode de financement ?
Tout d’abord, souvent, quand c’est la seule possibilité. Quand les banques sont trop frileuses pour soutenir ou prêter sur un projet trop alternatif, trop particulier.
Quand on n’a pas dans sa poche ni sous son matelas les moyens nécessaires à la réalisation d’un projet.

Des détails ?
L’Encre de Cthulhu était un petit salon de tatouage dans Paris 12e, déjà ouvert grâce à un premier crowdfunding en 2014. Il paraît qu’il faut 3 ans pour stabiliser un business, c’est sans doute vrai, s’il ne subit pas des péripéties en cascade. 2016 avait été marqué par un premier dégât des eaux qui nous avait coûté très cher. Quand les assurances nous ont enfin indemnisés, cela a été immédiatement absorbé par les retards de loyer accumulés à cause des pertes financières dûes à ce dégât (rendez-vous annulés, etc.. )
On remontait la pente, petit à petit, avec en 2018, enfin une année en bilan positif, et plein de projets en tête.
2019.
2 nouveaux dégâts des eaux. Plus graves. Fermeture des box.
Les pertes s’aggravent.
Le propriétaire décide de se lancer dans une bataille administrative sans fin. Les 3 immeubles attenant le shop se font à présent la guerre à la responsabilité, pour un toit qui touche les 3 parties.
Moi, je suis enceinte, et je dois me préparer à partir en congé mater.
Mes collègues décident de ne pas rester au shop. Il n’y a donc plus personne pour tenir l’activité.

Nous rendons les clés de la boutique. Nous avons tout perdu.

Les bijoux, les objets, tout est en cartons. 5 ans de travail acharné dans quelques mètres carrés, les meubles, la déco, toute notre vie.
Je fais mon bilan personnel. Ai-je vraiment envie de rester dans un métier si dur, où tous les coups sont permis ?

Je pense aussi aux rencontres de ces 5 ans. Les clients, enthousiastes, créatifs. Les artistes, les merveilleuses rencontres. Les vernissages, les moments de rire, les salons, les innombrables talents, les créateurs, les objets magiques qui ornaient notre quotidien.

De plus, il faut être honnête : nous sommes encore endettés. Nous devons de l’argent à des investisseurs, qui nous ont fait confiance.
Déposer le bilan, ce serait trahir tout cela. Ce serait jeter aux ordures 5 ans de notre vie, 5 ans de rencontres formidables et de moments merveilleux.

Alors on se relève les manches.
Encore une fois.

J’ai mis tout mon coeur dans les dessins qui orneront les contreparties que nous vous offrons. J’espère qu’elles vous plairont. Pleins d’espoir et de motivations, nous relançons la machine, en espérant qu’elle roule vers des jours meilleurs !

 

 

Quai des Brumes

Mercredi Popcorn – Lords of Salem


Lords of Salem, 2013.
Un film de Rob Zombie, avec Sheri Moon Zombie dans le rôle principal.
Horreur/fantastique.

Heidi est la dj-star d’une radio metal locale de la célèbre ville de Salem.
Avec ses deux acolytes, elle passe des disques expérimentaux et vit une vie décalée, entre joyeuse picole et promenades avec son chien dans la lumière morne de ce triste bled.

Un jour, elle reçoit le vinyle du mystérieux groupe « Lords of Salem ». Au son de cette étrange litanie, le cauchemar commence. La malédiction vengeresse des sorcières est en marche.

Pour commencer, il faut connaître le cinéma de Rob Zombie.
D’ordinaire trash et jubilatoire, il a revu les classiques « Halloween » en en faisant des remakes honorables et sanglants. Il a réalisé ses propres créations « La maison des 1000 morts » et « The Devil’s Reject », slashers délirants proches de « Massacre à la Tronçonneuse ». Il a créé le dessin animé « El Superbeasto », mettant en scène un Luchador dément. 
Bref, dans ses films précédents, on trouve un cocktail de violence et de second degré qui promettent une grosse marrade, pour peu que l’on soit fan de Tarantino et Rodriguez, ou de toute production mêlant sang et jolies femelles en jeans trop serrés.

Lords Of Salem tranche beaucoup avec ses films précédents.
Plus lent, plus calme, plus profond, ce film s’inscrit plus dans l’angoisse que dans l’horreur.
Bien sûr, les scènes flashback de tortures et de sabbats de sorcières sont crues et brutes, bien sûr, ça saigne et ça agresse visuellement. J’en profite pour noter que ce n’est pas souvent que l’on filme avec une telle crudité le corps des femmes, et cela m’a plu. Oui, ces sorcières sont vieilles et décharnées, et oui, elles sont nues. Beaucoup de spectateurs s’en sont plaints, mais en ce qui me concerne, j’ai apprécié de voir enfin un peu de réalisme, et que les corps ne soient pas doublés. Bah oui, un sabbat de sorcières, c’est pas un défilé Victoria’s Secret, les mecs.

Malgré pas mal de sang (faut pas déconner), je ne retire pas de ce film une impression de violence. L’action principale se base sur la psychologie du personnage de Heidi, qui se sent comme envoûtée par la musique étrange qu’elle entend de plus en plus, même dans sa tête. Folie ou sorcellerie, schyzophrénie ou malédiction… 

Salem, ville tristement connue pour la violence de ses chasses aux sorcières, est au coeur du film. A la fois triste comme un documentaire sur Liverpool, et flippante comme une colline (qui aurait des yeux), ses murs tristes, sa culture kitsch entre humour assumant les sorcières et puritanisme déguisé, plombent l’ambiance grisâtre comme un dimanche matin de Novembre. 

Jusqu’à une apothéose plus saturée qu’un clip de Manson à ses débuts, on alterne des palettes de blanc et noir, de rouge et vert. La photographie est superbe. Une avalanche de symboles chrétiens et païens s’entremêlent à chaque coin d’image, à vous de reconstituer votre collection. Les références pleuvent.

Les acteurs sont justes. Sheri Moon Zombie monte un personnage intéressant de jeune femme un peu paumée, un peu nihiliste, fragile et en proie au doute. On est loin de la cinglée sadique qu’elle a incarné déjà de nombreuses fois. Ses collègues sont sympathiques et bourrus, les vioques de la ville sont parfaites, méchantes et mégères, hypocrites comme votre pire voisine. 

Evidemment, la bande-son est parfaite, lourde et agressive, obsédante comme un mantra.
Rob Zombie sait s’entourer, et John5 prouve avec brio que leur association était destinée au meilleur.

Ce film est sans doute le plus lent et le plus contemplatif des réalisations de Rob Zombie. Ici, il a remisé au placard les codes des slashers rednecks, et semble prendre un réel plaisir à filmer de l’expérimental pur, de l’image pour l’image.
Certains se sentiront sans doute hermétiques à l’esthétisme léché de ce long clip de 103 minutes.
D’autres aimeront ces images puissantes, se griseront de cet univers baroque sous acide.

Conclusion : 8/10

J’ai aimé, mais je ne peux vous donner de raison objective. J’ai aimé les scènes vertes, les scènes rouges, le pull à rayures de Heidi, les paysages trop blancs, la station de radio pourrie, les potes plus vrais que nature. J’ai aimé ce film parce qu’il est rock’n’roll, bien plus que pour son pitch de base, finalement.

Je comprends pourquoi Lords of Salem n’a pas tellement affolé la critique ni le public : 
à déconseiller pour une soirée Halloween, contre toute attente, ce Rob Zombie n’est pas un film « marrant ». 
Je vous encouragerais plutôt à le regarder lumières éteintes, enroulés dans une couverture un soir d’hiver, avec un bon gin.