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Ondulation.

On a fini internet.
On a fait le tour.

Assis à notre comptoir, au café de la Gare, on se sent un peu déboussolé. Bilan de 10 ans de réseaux sociaux.

Les forums sont morts, piétinés par la machine de guerre Facebook, qui a l’époque nous proposait des jeux rigolos, nous promettait proximité et immédiateté, réactivité et fun. On avait plongé en se promettant de ne pas y passer trop de temps, parce qu’on a une vraie vie, de vrais hobbies, pas comme ces conneries.

La réactivité était là, pas de doute.
Elle est même trop là.
Très vite addict à notre smartphone et à nos réseaux, on n’en décollait plus, entre dix minutes de boulot et quarante de RER, on se connectait. Aux chiottes, on répondait à Machin et on taclait Truc. Soucieux de gagner les embrouilles, on s’est tous laissés aller à la facilité, collant des liens, des emojis ou des gifs animés pour mieux rabaisser, insulter, détruire les arguments adverses. Oh c’est pas méchant, on trolle juste un peu, quoi.
C’est bon enfant. Non ?

On lit la vie des gens, et on croit qu’on est ensemble.
On ne l’est pas.
Dans vos contacts Facebook il y a sûrement des gens que vous aimez. Avez-vous pris de leurs nouvelles récemment ? Non pas check leur profil ou mis un like sous leur statut, mais vraiment pris de leurs nouvelles ?

On s’illusionne en se disant qu’on est en contact. C’est faux. On survole. Chacun est devenu une page de magazine racoleur, certains ont sombré dans le pathos, chaque jour n’est qu’un lamento désespéré pour obtenir un like, un commentaire, un peu de substance, et les autres lisent en se rassurant sur leur propre vie.
Certains ont cédé à l’ego et ne vivent plus qu’à travers des selfies. Ils ne voyagent plus pour voyager, ils voyagent pour prouver au monde qu’ils profitent de la vie, EUX.
Dans ce monde nouveau, tout est si parfait.

Les femmes ont toutes moins de 35 ans, sont belles, fines, sportives, font de la pole dance en élevant leurs deux beaux enfants, Camomille et Lucien, tout en menant avec succès leur carrière de directrice régionale aux achats de fournitures de bureau de Pichon Assurance, mais ce n’est pas tout ! Car elles pâtissent, font du scrapbooking, du cododo avec le petit dernier, du crafts, des bijoux, de la gravure sur verre. Ou alors elles sont vegan, childfree et libres, militantes jusqu’au bout des ongles, mais toujours si belles, si fières, mêmes quand elles pleurent, même quand elles postent des « panneaux » de minions ou de schtroumpfs mal détourés qui révèlent des « secrets de filles ». On est toutes un peu mannequins, tout en gueulant sur ce système dégueulasse qui exige de nous qu’on soit toutes un peu mannequins.

Les hommes ont tous moins de 45 ans (oui, ça périme moins vite, chacun le sait), ils sont tous sportifs, font un peu de course à pied au moins, partagent leur runtastic, mais à côté de ça ils aiment boire l’apéro entre potes, partager leurs concerts et leurs voyages, leurs bières et leurs mètres de shots. Ils sont ‘trolls’ pour le sport. Ils aiment gagner une joute verbale, même s’il faut en passer par traiter tout le monde de nazi. Les célibataires se plaignent de l’être, mais il y a toujours une de leurs potes féministes qui vient les emmerder, et ça part en vrille.

Dans tous les cas, la construction ne se fait que sur la comparaison.
Je suis vegan donc tous les viandards doivent mourir.
Je suis childfree donc toutes les mères sont de grosses vaches dégoûtantes et stupides.
Je suis sceptique donc il faut stériliser d’urgence tout utilisateur d’oscillococcinum.

Tous les jours le même débat, répété sur le mur de tous vos potes, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Car on est tous très très politisés car tu comprends ça peut plus durer, on partage des pétitions contre la pollution et la guerre. On trouve qu’Eric Zemmour va trrop loin, alors on le dit sur notre mur. C’est important.
On trouve que les migrants, c’est grave quand même, alors on partage un petit lien fdesouche sur notre mur, parce que quand même bon ils ont pas tort ceux qui écrivent ça.
Là; notre pote gauchiste vient nous emmerder. Et ça repart en vrille.
Tous les mois, toutes les semaines, tous les jours.

On a tous plus ou moins arrêté de lire des livres, d’écrire, de dessiner, comme au bon vieux temps des forums où on voulait tous un peu être artiste, chroniqueur ou poète, et qu’on aimait étaler une prose de qualité, citer Machiavel et Goethe (pour les gohtiques bien sûr).
On était capable de passer deux jours à faire des recherches acharnées pour ne pas laisser Machin dire un truc qu’on trouvait idiot.
Aujourd’hui on le traite de nazi et on s’en va, fiers et remplis du sentiment de devoir accompli.

On a accepté, tous, de laisser descendre notre niveau de réflexion au plus bas, au profit des boutons « partager », « liker », et de Candy Crush.

Les meilleurs blogueurs se fatiguent face à la haine. La « polémique » n’existe plus, on est passés à la menace de mort.
Les gros bosseurs ne sont plus récompensés. Alors qu’il y a 10 ans, on s’émerveillait sur les nouveaux médias, les youtubeurs, les blogs BD, on cherchait la qualité, le plaisir de lire ou de découvrir.
Aujourd’hui on cherche le buzz, le rire facile, on est saoulés d’avance si une vidéo se dit documentaire. Les quelques chaînes « culture », même les vulgarisateurs, se font traiter de snobs prétentieux. Rémi Gaillard est devenu un mec important. Squeezie inquiète par son influence politique.

Je ne prétendrai pas avoir découvert un grand complot. Facebook et ses consorts n’ont sans doute jamais voulu l’aliénation personnelle qu’ils engendrent. Mais en cherchant toujours plus de vitesse, toujours plus de buzz, facilitant la forme au lieu du fond, censurant avec des politiques très orientées, ils n’ont pas aidé à prendre du recul sur un monde qui dérive.
Complices des extrêmes les plus stupides, des fameuses « fake news » et des pires complotistes, les réseaux qui nous promettaient de nous rapporcher de nos famille et de nos amis ont détruit les liens sincères sur l’autel de la gratification personnelle immédiate d’avoir des followers et des gens qui nous torchent le cul.
Alors bien sûr, on a dit ça de la télé, après avoir dit ça de la BD et des illustrés, et même des journaux.

Mais aujourd’hui, personne ne lit les journaux, qui sont pourris jusqu’à la moelle. Le monde se change petit à petit en café de la Gare, et c’est le gros Dédé qui parle fort après 5 pastis à 9h30 du matin qui tient la tribune.
Internet cède doucement au gros Dédé, parce que quand on lui demande de fermer sa gueule il s’énerve et il menace de tout casser, et que c’est trop fatiguant et un peu flippant aussi.
La paresse gagne, insidieusement, et nos vies s’installent dans le café de la Gare.
Combien de trains allons-nous encore louper ?
Allons-nous un jour nous dire que la chaleur douce du café ne vaut pas la peine des vociférations de Dédé, et qu’il vaudrait mieux se lever, quitte à attendre un peu dans le froid sur le quai, mais dans le silence, que le train arrive ?

Où sont-ils à présent, les forums de nos vingt ans ?

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Horoscope celte – Hiver 2019

Chers ami.e.s, je vous propose un petit moment de divination ludique.
C’est mon tout premier horoscope et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à le consulter que moi à l’écrire !

Grâce à un jeu de runes, pour changer un peu des tarots, je vous propose ces prévisions, basées sur les signes-totems celtes (dont vous retrouverez le détail complet sur cette page).

Les runes tirées sont une source germanique, leurs noms sont cités dans l’Edda poétique.

Cerf : 24 décembre – 20 janvier

008

La Rune Dagaz représente les espoirs, les idéaux, les principes.
En ce mois de janvier, quoi de plus naturel que de penser à l’avenir, voire de réorganiser quelques aspects de sa vie ?
C’est le bon moment pour faire du tri dans vos objectifs. Ne gardez que l’accessible 🙂

Chat : 21 janvier – 17 février

009

La rune Naudiz représente la nécessité, les limites, la pression. Malgré cela elle vous encourage également à définir les limites des possibles afin de mieux envisager les contraintes qui vous attendent. Prenez le temps d’étudier les blocages de votre vie afin e mieux les appréhender et les dépasser !

Couleuvre : 18 février – 17 mars

010

La rune Gebo est maîtresse de générosité et de largesse. Celui qui donne est aussi heureux que celui qui reçoit : ouvrez-vous à de nouvelles personnes, pensez « ensemble » plutôt que « contre » afin de progresser positivement !

Renard : 18 mars – 14 avril

011

La rune Wunjo est la plus joyeuse de toutes ! Ce mois s’annonce pour vous un mois de retrouvailles, soit au sein de votre famille, soit de vos amis. Détachez-vous de vos soucis quotidien et acceptez les petits bonheurs qui arrivent !

Taureau/Vache : 15 avril – 12 mai

012

La rune Raidho vous incite à aller de l’avant. Soyez cohérent et ne foncez pas bille en tête, mais avancez : prenez le temps en ce début d’année d’analyser vos désirs afin de construire une année basée sur des projets à long terme.

Hippocampe : 13 mai – 19 juin

013

La rune Thurisaz est celle de la foudre : elle vous apportera de la volonté et vous encourage à vous en servir à bon escient. Affrontez vos responsabilités sans attendre, vous en tirerez d’autant plus de bénéfices.

Corbeau : 10 juin – 7 juillet

001

La rune Perthro est celle de la roue du Destin : refusez le fatalisme ! C’est votre pire ennemi.
Pensez à mieux vous organiser et vous verrez que le temps gagné sera la solution à bien des soucis !

Cheval : 8 juillet – 4 août

002

Les Chevaux sont parfois exubérants, souvent généreux. Ils sont bons stratèges et savent comment mener leur barque ! Ils aiment recevoir de la reconnaissance pour leurs efforts, car ils ne cèdent jamais devant un obstacle. Courageux, charmeurs, ils sont d’excellents commerciaux.

 

Poisson : 5 août – 1er septembre

003

Capables d’instrospection, les Poissons sont souvent rêveurs, cherchant en eux l’inspiration pour affronter le monde. Voyant souvent les choses sous un prisme unique, ils brillent par leur différence et leur capacité à proposer de nouvelles façon d’appréhender les difficultés !

Cygne : 2 septembre – 29 septembre

004

Exigeants, oui ! Mais également passionnés et francs. Très organisés, parfois trop, ils sont naturellement leaders car ils aiment que les choses soient faites à leur façon. Mais ce sont aussi des amis exceptionnels !

Papillon : 30 septembre – 27 octobre

005

La rune Jera vous annonce le fruit de vos efforts ! Une nouvelle longtemps attendue, une réponse à une question professionnelle pour laquelle vous avez travaillé dur : ce mois-ci, vous récoltez les beaux fruits de vos efforts.

Loup : 28 octobre – 24 novembre

006

La rune Laguz régit les mers et aussi les démons intérieurs. Soyez analytique sur vos ressentis et ne vous emballez pas, peut-être vous posez-vous trop de questions dont vous ne pouvez obtenir la réponse. Méfiez-vous des préjugés et des suppositions hâtives.

Faucon : 25 novembre – 23 décembre

007

La rune Othala représente nos origines et leurs profondes racines. Elle nous place ainsi au sein d’un groupe, et vous annonce pour ce mois une redéfinition de certaines dynamiques : peut-être réglez-vous des conflits familiaux ou amicaux larvés depuis trop longtemps. Pensez à votre place dans votre famille, qu’elle soit de sang ou choisie, et agissez avec sagesse.

N’hésitez pas à me faire vos retours sur ce tout premier horoscope de l’année 🙂

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La Bête Humaine

La nouvelle année est arrivée et avec elle la routine des matins, des soirs, des jours.

Il y a deux ans et demi, nous avons quitté Paris pour sa banlieue, pour des raisons évidentes de finances. « La banlieue » c’est vaste et ça ne veut rien dire, et il en est dont le charme et la douceur ne sont pas à contester.

Mais quand on travaille loin de chez soi, il reste à affronter la Bête : le trajet.

Longtemps j’ai travaillé loin de chez moi, et longtemps j’ai pris le RER, métro, bus, tramway sans y penser, puisqu’on n’a pas le choix, faisons donc bonne figure. Fougue de la jeunesse, joie des études, du premier boulot, et surtout « c’était temporaire ».

J’ai attendu seule et inquiète des bus de banlieue qui n’arrivaient pas sous le regard de gens occupés à casser les distributeurs de chocolats. J’ai pris des trains sur toute leur ligne avec la joie d’aller au terminus et donc n’avoir aucun stress quant à mon arrêt. J’ai attendu 40 minutes le train de 19h50 tous les soirs pendant un an, parce que « l’heure c’est l’heure » et qu’on ne laisserait pour rien au monde des impertinents courir après le train de 19h12. J’ai goûté aux délices d’habiter à 3 stations de mon travail et au plaisir de rentrer à pied. J’ai marché sur le pont de Champigny en m’arrêtant pour regarder les canards. Je m’en inquiétais peu. Tout ça, c’était temporaire.

Bref, dix ans et onze déménagements m’ont fait découvrir toutes les options, tous les trajets, toutes les stratégies pour avoir un siège dans la ligne 1 et pour éviter les ennuis dans le RERD.

Mais je sentais, sans vouloir me l’avouer, que ce monstre faisait pousser en moi un petit germe de fatigue, une petite pousse de dégoût.

Comme il était facile de clamer que « Boh, ça va, les transports c’est pas si atroce », quand on pensait enfin s’en être débarrassé ! Comme il était doux de sourire aux lignes pourries du passé, quand on pensait acquise la tranquillité d’un quartier aimé et serein ! Les souvenirs et la relativité, même combat. Ça aussi, ce fut temporaire.

Nous revoilà plongés dans les entrailles de la terre, dans les changements inter-Gares, les couloirs, les Escalators, les bousculades, les heures de pointe.

Chaque matin, un choix charmant s’ouvre à moi : dois-je passer par les souterrains de l’échangeur, qui sentent la pisse et la fosse à graisse des restos du centre commercial, où les feux sont à peine respectés par les autos et les bus ? Ou dois-je justement passer par la route « haute », par le centre commercial, au chaud et qui sent bon le pain au chocolat, mais où les lumières et la musique sont trop fortes et où je devrai ouvrir mes sacs devant un vigile ? Un détail ? Oui, une broutille. Mais bizarrement chaque matin ce choix est un peu plus pesant, plus important. Puanteur ou vigile. Agression olfactive ou bombardements de vitrines, de lumières, de musiques, d’objets que je ne pourrai jamais me payer.

Le pire c’est que je m’en fous, de me payer des robes à paillettes Zara. Mais à force chaque matin de paillettes cousues par de jeunes ouvrières dans une usine qui doit puer autant que mes souterrains, j’en viens à fantasmer d’être riche à millions, pour ne plus jamais traverser ce centre commercial, ni ces tunnels, ni à voir ces vitrines.

Ce jour viendra-t-il ? Sans doute pas.

Est-ce encore temporaire? Je n’en sais plus rien.

Peut-être est-ce ce constat larvé qui verse des gouttes de rosée sur ma petite pousse de dégoût. Peut-être se nourrit-elle des petits morceaux d’espoir qui s’effritent, à chaque déménagement, à chaque nouvelle adresse, à chaque nouvelle station de métro, de RER, de bus : serai-je un jour chez moi ?

Serai-je un jour à un endroit que j’ai choisi, où j’habiterais par envie et non par nécessité ?

Je n’ai pas envie de chanter avec Léo Ferré « Paris, je ne t’aime plus ». Et surtout, j’e n’ai pas envie d’en avoir envie.

Mais j’ai parfois peur que la petite pousse prenne de l’assurance et plante ses racines au plus profond de mes tripes.

Non, les Parisiens ne font pas « tout le temps la gueule ». Mais ils doivent entretenir une vilaine petite mauvaise herbe qui veut envahir leur jardin.

Mettons-la sous cloche et allons chasser le Pokémon, saine activité de citadin qui permet, au moins, de sourire aux souterrains qui puent ou au centre commercial qui crache sa musique sale : on s’en fout, y’a un Raid qui va commencer.

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2019 !

2019! 2019. 2019 ?

Je ne sais déjà pas par quelle ponctuation commencer l’année !

Un p’tit bilan étrange et mitigé. Un 2018 riche en projets et rencontres, riche en progrès, et riche en échecs.

Une année ponctuée de déceptions comme de motivation subite, avec des challenges enthousiasmants, des 23h BD à Inktober en passant par bien des salons sympathiques, des ratés pourris, des coups durs sur la santé, des examens déprimants, des moments de doute. Les petites trahisons qui viennent appuyer sur les instants les plus fragiles, en toute conscience, avec cruauté.

La vie quoi.

Un monde qui joue lui aussi au rollercoaster, entre quelques jolies nouvelles planétaires, réimplantation de lamantins et début de conscience écolo, et politique délirante, violences et barricades.

Mais une année qui s’est terminée avec amis et famille, avec plein d’idées et de commandes, et l’impression enfin d’avancer, de progresser, d’affiner enfin peut-être un style plus franc, plus perso, une meilleure technique.

Mieux vaut tard que jamais ?

Allons, bien que peu friande de vœux sans fond, je vous souhaite une année personnelle, professionnelle, politique, pleine de rebondissements positifs, puisque le calme, lui, est bel et bien parti en vacances.

Que la vie vous soit meilleure en tous points.

Que les fâcheux vous oublient.

Que la sérénité se pose sur votre fenêtre.

« Drink coffee and try not to die » : bienvenue en 2019, Bloavez Mad, soyons Charlie !

(Illustration réalisée pour la couverture d’un calendrier. Bigoudenn en costume sur le steir de Plobannalec-Lesconil)